CUPABIA
2022/2023 DESSINS, SCULPTURES, VIDEOS
Cupabia
« Ce travail, s’inscrit dans la continuité de mes précédentes recherches à travers lesquelles le maquis est appréhendé comme lieu de l’œuvre qui circonscrit le territoire. »
La nature est le territoire d’action et de création d’Agnès Accorsi qui puise et nourrit l’ensemble de ses œuvres. «Dans mes dernières créations j’utilisais les branchages et autres éléments de cette formation végétale, tout en faisant clairement
référence à l’iconographie des armes: pommes de pin/grenades (Plâtre terre ou céramique émaillée 2022) et à la série des Armes branches.
J’ai poursuivi cette réflexion particulière sur cette dichotomie matière/représentation qui opère comme souvent dans mon travail par déplacement ici du dessin à la sculpture».
Dans les dessins intitulés respectivement «Pins maritimes »(2022) et « Aiguilles, bois, branches » (2023, crayon et graphite sur papier, 71 x 102 cm), Agnès représente des trames serrées ne laissant apparaître aucun horizon. Ces méandres de branches et de cônes surgissent d’un chaos qui traduit la puissance végétative et sauvage de la nature. Le regard est saisi sans possibilité de sortie. Dans chaque recoin de ce chaos végétal, Agnès puise la sève qui donne corps à ces paysages, véritables mondes représentés tels des organismes vivants. Dans l’entrelacs des branches et des pommes de pins, la répétition du motif analogue à des fragments d’os d’artères, de veines crée un bouillonnement visuel qui envahit cet espace où le végétal se meut tel un corps en mouvement. Le regard fouille… On devine les formes de corps fragmentés… La métamorphose de ces éléments indiciels témoigne ici de la fusion des relations entre l’humain, l’animal et la nature.
Dans la série «Cervicales », les pommes de pins sont évidées, creusées, peintes, plâtrées, percées puis intégrées à des têtes humaines, des crânes en terre et en plâtre. L’hybridation des matériaux laisse apparaître la forme de squelettes, des cervicales.
L’acte créateur revêt ici une dimension anthropologique. Ces têtes alignées, mi-humaines et mi-végétales, investissent l’espace d’une présence paisible et impassible laquelle nous fige dans un espace hors du temps, ouvert par effraction à l’immortalité.
Marie Françoise Collard Buresi
UVA & OLIVA
Diptyques : uva 1 /uva 2 ; oliva 1 / oliva 2
«J’ai entamé une recherche en vidéo où je crée une sorte de créature anthropomorphique qui se nourrit sur des arbres fruitiers (arbousiers et oliviers) et de baies d’une plante toxique. »
Les recherches d’Agnès s’inscrivent dans la continuité de la promenade sauvage et onirique qu’elle trace dans le maquis insulaire. Entre protection, défense attaque, enfance et jeu, elle filme, sculpte, dessine, crée des hybridations animales, végétales témoins de l’acte créateur dans la sève et le sang. L’expérience est directe, spontanée, corporelle. Le sang devient ici l’élément primordial indispensable à l’existence même du monde. Le travail d’Agnès rejoint ici certains mythes grecs où le sang est universellement considéré comme le véhicule de la vie. Il donne naissance aux plantes et même aux métaux. On compare, en effet, de façon récurrente, la sève des arbres à du sang : c’est, avec l’eau, le liquide vital, celui de la naissance et de la mort.
Les mains caressent, pressent les sucs et le sang dans une étreinte subtilement dansante qui chante la femme à la lisière de la vie et de la mort. Orné de sa parure pourpre, noire ou bleu, chaque doigt joue sa note et égrappe minutieusement
chaque fruit. Dans ce rituel, les mains sanglantes ou sanguinaires projette l’être dans un temps immémorial et se métamorphosent en une créature anthropomorphique qui se nourrit au rythme de ses désirs.
Marie Françoise Collard Buresi
UVA & OLIVA
Vidéos