2018 2022 ARMES BRANCHES
Diptyques : sculpture assemblage et dessin
Diptyques : ARME BRANCHES
L’arme, telle que l’artiste nous la présente, s’appréhende comme un jouet, et évoque l’enfance. On perçoit le plaisir de la réalisation, de la manipulation du matériau. Le branchage, par son caractère naturel, brut, est porteur d’une énergie, d’une vie, il dit son origine et son environnement, le lieu de sa croissance.
Un dessin très précis reprend scrupuleusement un fusil réalisé à partir d’un assemblage de bois.
Il implique la contrainte et le temps passé à sa réalisation, il fige. Il est utilisé dans son acceptation et son usage le plus classique.
Agnès Accorsi joue sur l’écart entre le réel et sa copie, entre l’objet attirant et sa transcription sur le papier. Comme souvent dans son travail, l’artiste opère par déplacement, de la peinture à la vidéo, de la vidéo à la sculpture et à l’installation, puis ici, de la sculpture au dessin.
Avec ce travail, il est question d’un corps à corps, d’un affrontement. Corps à corps de l’artiste au travail, qui observe avec attention, qui vise puis dessine. Ainsi, le corps de l’artiste est perçu dans le temps de la réalisation de son travail et dans sa fabrication, la manipulation des branchages. Mais il est avant tout engagé dans le temps de la promenade, dans le maquis, dans ce lieu idéal, qui comprime l’espace et le temps durant la déambulation. Le maquis devient alors un lieu de protection, il assure la survie de celui qui se sauve. C’est l’espace de la fuite. Mais il peut aussi devenir un lieu contraignant, dangereux, dans lequel on se perd. Finalement en s’articulant sur ces oppositions, le maquis se propose comme un espace de protection et un dispositif de survie, il reprend le principe cher à Pino Pascali de la « paix armée ». Le maquis, comme lieu de l’œuvre, protège et menace, il circonscrit le territoire de l’artiste, il devient son lieu, son refuge. Idéalisé, c’est un espace propice au mythe et à la rêverie. Mais c’est un lieu de sauvagerie, de nature, d’un état premier, au-delà de l’histoire. De la promenade dans le maquis, Agnès Accorsi retient une dimension poétique, des rêveries d’enfant, qui dans la nature collecte, prélève, confectionne des outils, assemble avec ce qu’il trouve sur place .
Finalement dans le silence de ces œuvres, entre le simulacre et le réel, et face à l’actualité dans laquelle l’utilisation des armes à feu est douloureuse et soulève des questions idéologiques, Agnès Accorsi ne choisit ni la défense ni l’attaque, mais nous entraine dans la poésie de l’enfance qui se raconte.
Arnaud Ceglarski, historien de l’art, coordinateur de l’action pédagogique et culturelle des Musées et sites – Direction du Patrimoine, Collectivité de Corse.