L’âme hospitaliére video
L’âme hospitalière, 2002 vidéo, durée 3mn30 Frac Corsica, acquisition 2003
L’ âme hospitalière
Dans cette vidéo une femme plus icône que femme, armée pour une guérilla dont les terrains de combat sont d’abord évidents puis trompeurs et finalement insaisissables. Des limites qui font territoire, les séparations incertaines de la terre et de la mer, un espace plus qu’une surface, inventé par ce qui s’oppose et se mêle. Les mondes d’Agnès Accorsi brouillent en permanence les cartes et pas seulement géographiques.
Les fleurs rouges en guise de motifs de camouflage et la mitraillette en guise de parasol, Eros et Thanatos confondus, les forces claires et belles de la confusion contre les forces obscures de l’ordre, de l’ordre du mâle peut-être. L’ennemi est à l’intérieur, d’ailleurs il n’y a pas d’extérieur.
Les formes, les signes et les couleurs dans le travail d’Agnès ont souvent une surface trompeuse voire paradoxale. Si le monde peut être sauvé par la paranoïa, avant ou en même temps il doit être inventé accouché par l’hystérie. Féminin masculin, dans des valeurs culturelles et marchandes, des ordres établis, dans l’inversion ou le mélange de ces valeurs ou de ces codes, par une idée de la beauté « belle » en surface, dans le tracé d’un dessin à la fois « joli » et scabreux, des détails en contrepoint de l’aspect général qu’ils dessinent.
D’une femme icône à une femme chimère, d’un pas sur le sable, faire un chemin pour s’ y engloutir et rejoindre un monde onirique en noir et blanc, le monde des enfants, le monde des adultes, le monde des femmes et celui des hommes, ou l’idée de la beauté n’exclue pas celle du laid, sans notion du bonheur ou du malheur sans doctrine de genre ou de classe.
Elie Cristiani